Claude Bernard et ses suiveurs sur la question du curare : enjeux épistémologiques

La Société de Biologie a été le théâtre de nombreuses polémiques au sujet du mode d'action du curare pendant plus de trente années. Après une période de mise au point technique des protocoles d'empoisonnement sur divers animaux, à laquelle contribuent Claude Bernard, Vulpian et leurs collègues, succède une autre, où l'électrophysiologie allemande entre en scène, se combine avec les nouvelles données histologiques sur les plaques motrices, pour soutenir les vues de physiologistes plus jeunes qui s'affrontent à Claude Bernard et finissent par le convaincre. Selon eux, Vulpian en premier lieu, le curare abolit la transmission entre la plaque motrice et le muscle. Cette première ébauche d'une théorie de la neurotransmission nous aide à comprendre comment une nouvelle physiologie se met en place dans le sillage de l'école bernardienne par une meilleure intégration des disciplines, une foi plus grande accordée au réductionnisme et au matérialisme