L’attentat pédophile, une histoire à trois

À partir du texte fondateur de Ferenczi, « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant », l’agression sexuelle de l’enfant est considérée de manière classique comme une « histoire » à deux, qui se déroule entre un adulte « abuseur » et un enfant victime. En évoquant quatre cures analytiques d’adultes – trois femmes et un homme – cette étude suggère que l’agression sexuelle implique l’intervention d’au moins trois protagonistes, voire même quatre. Elle montre que dans certains cas il existe une « filiation » entre la froideur affective ou l’excitation perverse de la mère, accusée de manque d’empathie, d’aveuglement, voir de non-assistance à personne en danger et l’abuseur masculin. La fragilité des pare-excitations de l’enfant qui s’expose au danger, le sein froid, excitant ou abîmé, le holding et la tendresse absente, le père démissionnaire ou pervers sont autant d’éléments qui ouvrent la voie à l’intromission phallique d’un « monstre » pédophile rattaché à la lignée maternelle ou paternelle. Le viol ressenti comme une « boucherie » opère une triple confusion d’espaces entre les érotismes partiels, les instances psychiques et les affects de rage, de haine et d’amour. La clinique met en évidence l’existence de recoupements fréquents entre abus sexuel, abus de substances « toxiques » et abus de pouvoir