L’addiction, une quête de plaisir... ou de jouissance ?

Les conduites addictives, avec l’accoutumance et la dépendance qu’elles induisent dont la fixité et l’importance sont à la mesure de l’insupportable privation qui accable les sujets qui tentent de s’en libérer, soulèvent des questions considérables dont les réponses sont déterminantes dans les orientations thérapeutiques. L’approche psychanalytique, apporte, en complémentarité avec les autres approches, un éclairage spécifique sur les comportements addictifs en les envisageant dans la perspective du fonctionnement mental et de ses vicissitudes, appréhendé dans le cadre d’une économie de l’Être psychosomatique. Indices d’échecs du processuel fondateur des bases du psychisme et de son fonctionnement, elles assureraient une fonction auto-calmante à l’égard de la douleur psychique, mémoire de ces trauma précoces. Il est nécessaire, pour prendre toute la mesure de la profondeur du drame que vivent ces patients, de distinguer d’une part le déplaisir de la douleur, et d’autre part, le plaisir de la jouissance. L’affect de plaisir témoigne d’un mouvement d’organisation psychique, tandis que la jouissance, et non pas l’affect de jouissance, répond à une vectorisation psychique orientée vers la recherche d’une décharge radicale, massive et indifférenciée des excitations pulsionnelles, une décharge dont la répétition compulsive et aveugle témoigne des failles psychiques profondes où elle s’origine. La jouissance, à l’inverse de l’affect relève donc d’une désorganisation psychique. Sous-tendant les comportements addictifs, cette décharge visant une évacuation radicale rendrait compte de la dépendance et de l’accoutumance psychique qui les caractérise, dans la mesure où ce qui la suscite est la recherche d’une paix psychique, même si le prix à payer en est une amputation neutralisante. La dépendance et l’accoutumance qui caractérisent l’addiction, en quête de jouissance, relèveraient plus des traces traumatiques inscrites au fond du psychisme qui s’actualisent de façon insupportable pour le sujet quand il vit la privation de son addiction et de son pouvoir auto-calmant que de la particularité d’un produit ou d’un comportemen