La gestation pour autrui en Inde, un révélateur de la condition des femmes dans le pays

Les rapports sociaux de sexe mais aussi de classe et origine permettent de comprendre le développement et l’organisation de la gestation pour autrui en Inde depuis les années 2000. L’Inde a une importante réserve de « main d’œuvre reproductive » : de nombreuses femmes indiennes se portent candidates pour proposer leur service reproductif en échange d’une rémunération. De fortes contraintes de genre poussent en effet les femmes à devenir gestatrices. Dans cette société patriarcale où elles sont le plus souvent assignées à la sphère domestique et au travail reproductif, la gestation pour autrui apparaît comme une alternative possible et une stratégie pour améliorer les conditions de vie de leur famille. Réciproquement, la façon dont la gestation pour autrui est pratiquée, expérimentée et représentée est révélatrice de ces rapports sociaux dans cette société fortement hiérarchisée et inégalitaire. Tout au long du processus médical, les gestatrices apparaissent comme des « corps silencieux », révélant ainsi le fort pouvoir biomédical et le peu d’autonomie des femmes dans la société et dans la famille. Mais les discours et expériences des gestatrices révèlent également le « potentiel d’émancipation » des femmes indiennes à travers les compétences qu’elles acquièrent et les stratégies de valorisation et de résistance aux stigmates qu’elles développent. De plus amples études sont néanmoins nécessaires pour évaluer les impacts sociaux réels à long terme de cette pratique sur leurs conditions de vie et celles de leurs enfants