: Une expérience made in Université de Lille

National audienceL’appel à la bibliodiversité et le développement des pépinières de revues incitent à filer la métaphore végétale.Le paysage de l’édition des revues scientifiques peut se décomposer en deux tendances : d’une part l’édition en STEM, similaire à l’agriculture productiviste et industrialisée, qui est très normalisée et gérée par des multinationales de l’édition, et de l’autre, l’édition en SHS et mathématiques, qui abrite une grande bibliodiversité, et qui est cultivée artisanalement par une myriade d’éditeurs locaux. La science ouverte fait figure de changement climatique, car elle vient bouleverser ces deux systèmes et oblige à des reconfigurations profondes. La question qui se pose aux « éditeurs » (universités, services éditoriaux, responsables de revues) est : comment s’adapter à la science ouverte tout en imaginant des modèles éditoriaux durables, sans céder à la pression de la sélection, de la normalisation et de l’industrialisation, qui a montré ses limites ?L’université de Lille a tenté une méthode qui a fait ses preuves dans l’agriculture : le potager participatif, la spirale de la permaculture et le circuit court. Concrètement, un groupe de travail s’est réuni pendant 9 mois pour concevoir une pépinière de revues, et définir un consensus avec les 33 revues sur les aspects juridiques, éthiques, techniques et économiques. A l’issue de ce travail, plusieurs décisions ont été prises : considérer les revues selon une typologie de 4 modèles ; adopter une approche contractuelle entre l’université et les revues sur 3 ans ; définir une gamme de 5 services proposés par l’université en échange d’engagements des revues vers des modèles plus durables. A la lumière de ces premiers résultats, plusieurs conséquences peuvent être tirées de cette expérience : le rôle de l’institution en tant qu’éditeur se trouve renforcé, ainsi que la spécialisation des différents métiers (auteur, rédacteur en chef, professionnel de l’édition, professionnel de la diffusion). ; le fait d’envisager les revues comme des objets vivants apporte une grande souplesse et créativité mais aussi une incertitude qui n’est pas simple à gérer dans la culture de la fonction publique ; plus largement, il est nécessaire de suivre de près les négociations au niveau national et international pour s’assurer que la science ouverte se traduira bien par l’ouverture à de nouveaux modèles et ne sera pas uniquement une autre forme d’uniformisation, comme l’a pu être le label Bio pour les produits agroalimentaires