Les relations magmatismes-minéralisations dans l’Anti-Atlas marocain

International audienceLes avancées spectaculaires réalisées ces deux dernières décennies sur la datation géochronologique (U-Pb, Ar/Ar, K-Ar, U-Th-Pb, Sm-Nd, Rb-Sr, Re-Os) des gisements métallifères et des magmatismes de l’Anti-Atlas marocain ont permis de clarifier la genèse de ces gisements formés à partir de circulations de fluides hydrothermaux, magmatiques-hydrothermaux ou même issus de bassins et d’identifier ainsi plusieurs grandes époques métallogéniques favorables à la concentration des métaux. Pour l’Anti-Atlas et le socle ancien du Haut-Atlas ces époques favorables sont :-Néoprotérozoïque. Les gisements de Tiouit (Au) dans l’Anti-Atlas et Tighardine (Cu-Zn-Pb-Ag) dans le Haut Atlas occidental sont associés à des corps intrusifs dioritiques àgranodioritiques qui ont été datés respectivement à 645 ± 12 Ma et 625 ± 5 Ma. L’âge dugisement de type Sedex de Bleida (Cu) est estimé à environ 600 Ma par référence à l'âgede l’encaissant volcano-sédimentaire. Plusieurs gisements de la ceinture à métaux précieuxde l'Anti-Atlas et du Haut-Atlas sont datés à 550 ± 3 Ma (Imiter, Ag-Hg), 552 ± 5 Ma (BouMadine, Cu - Pb-Zn) et 564 ± 15 Ma (Zgounder, Ag).-Néoprotérozoïque-Cambrien. Des minéralisations en REE sont associées à du magmatismealcalin (type Jbel Boho) et des minéralisations en Cu, Ag, Pb, Zn et Au sont interstratifiéesdans les formations carbonatées "adoudouniennes" ou légèrement sécantes.-Ordovicien supérieur. Les minéralisations de type IOCG (Iron Oxyde Copper Gold) deTamlalt (Cu-Au) dans le Haut Atlas oriental, ont été datées à 449 ± 8 Ma ; ces événementsordoviciens datés pour la première fois au Maroc, ont ensuite été retrouvés ailleurs.-Carbonifère supérieur-Permien. L’important événement magmatique tardi-varisque à 295-280 Ma dans la Meseta a été également identifié dans les boutonnières protérozoïques del’Anti-Atlas et Haut Atlas ou des zones de cisaillement minéralisées en or ont été datées àca 300 Ma : Iourirn (300 ± 7 Ma) et Tamlalt Menouhou-II (293 ± 7 Ma) ; en outre, un âgefiable à 302 ± 9 Ma a été proposé pour la minéralisation (II) à Co-As de Bou Azzer.-Trias-Jurassique. L'identification d’une période métallifère liée à l'extension associée àl'ouverture de l'Atlantique central se précise. Ainsi un âge de 218 ± 8 Ma a été obtenu pourles phases tardives (III) de la minéralisation de Bou Azzer et un âge de 205 ± 1 Ma pour laminéralisation en fluorite d’El Hammam.-Tertiaire. A ce jour, aucune minéralisation n’a été datée au Cénozoïque dans l’Anti-Atlascontrairement à d’autres minéralisations ailleurs dans le Maroc comme (i) le gisement deTerres rares de la carbonatite de Tamazert qui a probablement un âge Eocène, (ii) lesminéralisations Pb-Zn de type MVT de Bou Dahar (Haut Atlas) et (iii) celles de Touissit(Maroc oriental) qui ont également un âge qui semble fini Tertiaire (mio-pliocène).Pour le Paléoprotérozoïque aucune minéralisation majeure de cet âge n’a, à ce jour, été clairement identifiée.Une synthèse de la distribution des principaux événements et des mines importantes au Maroc, positionnés dans une section lithostratigraphique de la croûte continentale s’étendant du Paléoprotérozoïque au mésozoïque sera présentée dans les contextes géodynamiques respectifs. Les mélanges des fluides profonds avec des fluides superficiels identifiés dans plusieurs gisements seront également examinés car dans un même gisement les minéralisations polymétalliques peuvent se télescoper ou être remobilisées comme par exemple à Imiter (563, 540, 254 Ma)