Justice et justesse du témoignage : la reconnaissance institutionnelle de la vérité et la possibilité d’un acte de langage extra institutionnel

International audienceUn témoignage est un acte de langage, car il est défini par son effet. Sa raison d’être n’est pas simplement de dire, mais de transmettre la mémoire. Pour cela, il doit être socialement reconnu comme un témoignage et non seulement comme un récit. Afin d’assurer cette reconnaissance, des institutions testimoniales les prennent en charge et leur donnent une forme immédiatement reconnaissable par tous. Or, dans une démocratie, les témoins qui ne sont pas cités à comparaître et qui refusent d’assumer cette forme exigent tout de même d’être reconnus et entendus. Cette revendication implique que le récit testimonial doit avoir la capacité à auto-instaurer les normes qui assurent sa reconnaissance. Cela pose la question du faux témoignage selon des perspectives à la fois épistémologique et institutionnelle. Si le témoignage se produit légitimement de lui-même, alors il échappe au crible de la critique des sources garantissant la pertinence et l’authenticité historique ou judiciaire, et même journalistique, d’un témoin. Il faut donc se poser la question de ce qui le garantit. Si les témoins se constituent d’eux-mêmes et produisent une parole qui n’a pas besoin d’être provoquée de l’extérieure, il est possible de considérer que chaque individu se rétablit de lui-même dans sa dignité humaine par rapport au traumatisme qu’il a subi, sans besoin d’aucune institution sociale. Il est donc pertinent de réfléchir à la fonction et à la responsabilité sociale et humaine de ces institutions aménageant des espaces où les discours sont entendus