S'il faut conclure ou comment l'histoire intellectuelle de la Renaissance est encore à écrire

On propose de donner une signification forte aux caractéristiques de l'histoire intellectuelle de la Renaissance, telles que ce volume les donne à voir. Il s'ensuit une comparaison critique des historiographies italienne, française et anglophone, quant à l'intérêt porté à la production scientifique et philosophique, de Copernic à l'avant-Galilée, et quant au rôle attribué à l'identité confessionnelle des protagonistes. Le constat tournant au désavantage de l'historiographie française, on suggère d'en trouver la raison dans les choix, à moyen terme, de l'École des Annales, et dans les effets, à long terme, de la séparation entre l'Église et l'État (1906). La conjonction des deux a maintenu l'ignorance sur l'université médiévale, la philosophie scolastique, l'héritage de l'une et l'autre à la Renaissance. D'où l'absence de postérité, en France, de Pierre Duhem, d'Etienne Gilson et même d'Alexandre Koyré, tous trois admirés et influents ailleurs. L'habitude nationale de radicaliser la «rupture instauratrice» due à Descartes a contribué à la même carence. Des signes avant-coureurs d'un retournement de perspectives sont signalés : modification générale du contexte idéologique et épistémique, approfondissement français et réflexion sur le savoir et le croire, toutes choses dont l'historiographie de la Renaissance devrait bénéficier.Giard Luce. S'il faut conclure ou comment l'histoire intellectuelle de la Renaissance est encore à écrire. In: Sciences et religions. De Copernic à Galilée (1540-1610) Actes du colloque international - Rome 12-14 décembre 1996. Rome : École Française de Rome, 1999. pp. 491-522. (Publications de l'École française de Rome, 260