L’européanisation du sport : entre modèle social et modèle libéral

International audienceSi l’organisation européenne du sport de compétition remonte à la moitié du XXe siècle, le recours à la notion de « modèle sportif européen » émerge à partir des années 1970 avec le Conseil de l’Europe. Or, l’inscription formelle du sport dans les compétences de l’Union européenne date d’une période plus récente, consécutive au Traité de Lisbonne de 2009. L’histoire du sport européen se confond ainsi avec l’histoire de la construction européenne. Subordonnée au modèle de la concurrence « libre et non faussée » en Europe, la « dimension européenne du sport » cache en réalité des visions antagonistes de nombreux entrepreneurs d’Europe, publics et privés, qui soutiennent la dérégulation et la libéralisation de l’économie du sport ou, au contraire, qui défendent un modèle associatif. Le conflit récent opposant les organisateurs de compétition de basket (la FIBA Europe et l’Euroleague de basket) atteste de cet affrontement entre un modèle traditionnel, méritocratique et associatif (des ligues sportives « ouvertes » gérées par des organisations sportives européennes à caractère associatif) et un modèle néolibéral américain (des ligues sportives « fermées » gérées par des entreprises, allant parfois jusqu’à être actionnaires de la ligue fermée). La lutte pour imposer un modèle d’organisation légitime des sports professionnels illustre parfaitement les rapports de force en présence et les enjeux de la définition d’un « modèle européen du sport ». Le processus d’européanisation du sport est à l’image de la construction européenne : un processus largement non planifié et travaillé par trois logiques qui y concourent, tantôt antagonistes, tantôt complémentaires : les stratégies des États, la dynamique propre des institutions et l’organisation des intérêts privés. Le sport a finalement suivi le même cheminement que les autres secteurs européens des services et prestations : passer du non marchand au marchand, du public au privé