Parler pour les animaux : tentatives littéraires contemporaines. Point de vue animal chez Message, Garcia et Darrieussecq

International audienceThis analysis examines three different contemporary literary projects that attempt to account for the animal point of view. In Défaite des maîtres et possesseurs (Seuil, 2016), Vincent Message shows what would happen if humans were superseded by a new species. Humans become the emblem of all animals raised for food consumption. The reversal of roles and the simple pragmatic shift in the subject-object relation in discourses justifying the domination of one species over others allow for a denunciation of the anthropocentric domination over the entire range of living organisms. In Mémoires de la jungle (Gallimard, 2010), Tristan Garcia conceives of a planet deserted by humans and where animals are on the verge of total extinction. The novel’s narrator is a chimpanzee who survived a research program led by humans. Doogie tells his story in a sort of testimony that details his relationship with humans, with animals and with nature. By choosing an animal as his narrator, Garcia places the question of language at the heart of the book. Last, in the epilogue to Mal de Mer (POL, 1998), Marie Darrieussecq seizes the question of the representation of animal subjectivity and offers a long scene written with internal focalization that adopts the point of view of a shark. By separating the technique of point of view from that of polyphony and by radically refusing any form of “voice effect” (“effet de voix”), the female novelist invents the stream of physiological consciousness.Cette étude examine trois tentatives romanesques contemporaines qui s’efforcent de rendre compte d’un point de vue animal. Dans Défaite des maîtres et possesseurs (Seuil, 2016), Vincent Message met en scène une humanité détrônée par une nouvelle espèce. L’humain y devient l’emblème de tous les animaux élevés à des fins de consommation alimentaire. L’inversion des rôles et le simple décadrage pragmatique des discours justifiant la domination d’une espèce sur les autres permettent ainsi de dénoncer la domination anthropocentriste sur l’ensemble du vivant. Le roman de Tristan Garcia imagine une planète désertée par les humains et où les animaux sont en voie d’extinction totale. Mémoires de la jungle (Gallimard, 2010) a pour narrateur un chimpanzé rescapé d’un programme de recherches humain. Doogie raconte son histoire dans une sorte de testament retraçant sa relation aux hommes, aux animaux et à la nature. Le projet romanesque, qui fait le choix d’un narrateur animal, place au cœur du livre la question du langage. Enfin, dans l’épilogue du Mal de mer (POL, 1998), Marie Darrieussecq s’empare de la question de la représentation d’une subjectivité animale en proposant une longue scène en focalisation interne dont le centre de perspective est un requin. Désolidarisant la technique du point de vue de celle de la polyphonie, par un refus radical de tout « effet de voix », la romancière y invente le flux de conscience physiologique