Les moindres parcelles de la vérité. La rhétorique du Liber

Si le ton auto-dépréciatif du Liber ne saurait renseigner sur l’identité ni même sur la personnalité de son auteur, il témoigne en revanche d'une parfaite adéquation à l’objet du discours de la pénitente : la pauvreté du langage est une image de la «minorité», à la fois condition de la fidèle et thème de sa «révélation». L’aspect «disjoint» du texte final, de même, loin de témoigner d’une maladresse ou d'une impuissance quelconque, est à mettre en rapport avec une disjonction plus théologique (celle des membres du Christ en croix, et celle des membres de la communauté chrétienne menacée de schisme). L’analyse rhétorique montre enfin que cette infirmité du discours est la condition de la vérité qu’il entend promouvoir ; que l’emploi soi-disant négligé de la 1re ou de la 3e personne, par exemple, cache un débat - celui du mysticisme - sur la possibilité de connaître Dieu sans médiation.Clément Bruno. Les moindres parcelles de la vérité. La rhétorique du Liber. In: Angèle de Foligno. Le dossier. Rome : École Française de Rome, 1999. pp. 169-184. (Publications de l'École française de Rome, 255