Rythmicité circadienne et mécanismes de synchronisation dans un groupe de carouges à épaulettes (Agelaius Phoeniceus)

Chez les oiseaux grégaires, les mécanismes de synchronisation nécessaires au maintien des attroupements ont principalement été expliqués par la facilitation sociale. Parallèlement, à ceci, des études de nature chronobiologique montrent que l'activité de congénères et les stimulations sonores périodiques, en plus des facteurs géophysiques, peuvent agir comme Zeitgebers des rythmes circadiens d'activité. Le plus souvent cependant, l'effet des facteurs sociaux et des facteurs géophysiques est évalué d'une façon indépendante, alors qu'ils sont superposés en nature. Il devient ainsi difficile d'évaluer le rôle des facteurs sociaux en milieu naturel, alors qu'ils compétitionnent avec d'autres Zeitgebers, tel que le cycle de lumière-obscurité. A l'inverse, la facilitation sociale est habituellement mesurée sous un cycle de lumière-obscurité, lequel a déjà un effet sur la distribution temporelle des différents types d'activité. Par l'intermédiaire de trois expériences effectuées en laboratoire, l'objectif principal du présent travail était d'évaluer le rôle respectif des facteurs sociaux et des facteurs géophysiques, plus particulièrement le nycthémère, sur les rythmes circadiens d'activité et sur la synchronisation des comportements dans un groupe composé de 10 Carouges à épaulettes (Agelaius phoeniceus). Soumis à des conditions constantes de luminosité ou à un cycle de lumière-obscurité (12 : 12), l'activité locomotrice des oiseaux était mesurée à la fois en situation d'isolation sociale et en situation sociale. Les résultats obtenus nous ont permis de mettre en évidence que le cycle de lumière-obscurité est le principal agent d'entraînement des rythmes circadiens d'activité, alors que les facteurs sociaux interviennent à un autre niveau. Ainsi, le contact visuel et auditif entre les congénères favorise plutôt un ajustement du taux d'activité individuel en fonction de l'activité générale du groupe, processus nécessaire à une véritable synchronisation. En plus de la facilitation sociale, un changement de la priorité des comportements est aussi observé suite au contact social. L'effet d'entraînement par les facteurs sociaux n'est cependant pas exclu des résultats, mais plusieurs conditions ont été montrées nécessaires à cette réalisation, limitant ainsi l'entraînement à quelques individus. Plus spécifiquement, l'entraînement par des émissions sonores périodiques fait ressortir que les qualités du signal émis jouent un rôle important dans un tel processus de synchronisation. Enfin, les caractéristiques des rythmes circadiens nous amènent à discuter de l'implication possible du système circadien endogène dans la composition et la structure des groupes d'oiseaux grégaires. Une modification saisonnière de la sensibilité des rythmes circadiens, face aux facteurs géophysiques et sociaux, est aussi discutée