La transmission de la mémoire huguenote dans le canton de Vaud, XIXe-XXe siècle

Religious minorities living in diaspora offer fertile terrain for the study of the transmission of identities. Amongst these, Huguenot diasporas have attracted scholarly attention. In French Switzerland, the closest land of asylum for French refugees fleeing the persecutions which followed the Revocation of the Edict of Nantes, studies abound which are especially interested in how refugees organised themselves and on their economic life, and which tend to underplay how identities were transmitted. This article aims to show how the creation of the Free Protestant Church of the Canton of Vaud (1847) served as a catalyst for the transmission of a folk memory among a social and religious elite, a memory which came to underline its religious distinction at the same time as the respectability of its origins by cultivating a specifically Huguenot memory.Les minorités religieuses vivant en diaspora offrent un terrain fertile à l’étude des modes de transmission des identités. Parmi celles-ci, les diasporas huguenotes ont attiré l’attention des chercheurs. En Suisse romande, terre d’accueil la plus proche pour les réfugiés français fuyant la répression postérieure à la Révocation de l’Édit de Nantes, les travaux concernant le Refuge sont nombreux ; ils se sont surtout intéressés aux modes d’organisation des réfugiés et à leurs activités économiques, délaissant les modes de transmission de l’identité. Cet article vise à établir comment la création de l’Église évangélique libre du canton de Vaud (1847) servit de catalyseur à la transmission d’une mémoire au sein d’une élite sociale et religieuse. Elle parvint à imposer sa différence religieuse, en même temps que la respectabilité de son origine en cultivant une mémoire huguenote.Bastian Jean-Pierre. La transmission de la mémoire huguenote dans le canton de Vaud, XIXe-XXe siècle. In: Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 94e année n°4, Octobre-Décembre 2014. pp. 425-442