La fonction de l'espérance dans la réflexion éthique

The function of hope in ethical thought. Does hope fulfil an ethical function ? To answer this question one must ask whether the essential moment of ethical life, that of decision, requires hope. The answer is positive precisely because the ethical subject who has discovered or merely suspected the existence of radical evil — which makes any ideology of progress illusory — would be paralysed at the prospect of any decision, unless he were given hope in an entirely new future undetermined by a repetitive past. That is to say that there is no possible hope other than through faith in a future that we do not produce but which comes to us. It is also a way of saying that the first object of love is forgiveness, not only of our particular faults, but forgiveness of our very being.L'espérance remplit-elle une fonction éthique ? Pour répondre à cette question, il faut se demander si le moment essentiel de la vie éthique, la décision, requiert l'espérance. La réponse est positive précisément parce que le sujet éthique, qui a découvert ou même seulement soupçonné l'existence d'un mal radical, — lequel rend illusoire toute idéologie du progrès — se trouverait paralysé devant toute décision, si l'espérance ne lui était donnée d'un avenir entièrement nouveau et non déterminé par un passé répétitif. C'est dire qu'il n'y a d'espérance possible que par la foi en un avenir que nous ne produisons pas, mais qui vient à nous. C'est dire aussi que l'objet premier de l'espérance, c'est le pardon, non pas seulement le pardon de nos fautes particulières, mais le pardon de notre être lui-même.Mehl Roger. La fonction de l'espérance dans la réflexion éthique. In: Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 61e année n°4, Octobre-décembre 1981. Hommage à René Voeltzel. pp. 453-459