Le Guomindang et ses relais dans la société shanghaïenne en 1923

The Guomindang and its Connections with the Shanghai Society in 1923. This paper examines the changing relations between the Guomindang and those associations — the National Salvation Ten People Groups (Zhonghua jiuguo shirentuan lianhehui), the Merchants' Street Associations (Ge jie shangjie lianhehui) — that lead, in Shanghai, the successive popular mobilizations during the first half of 1923 : the Liishun and Dalian leased territory recovery movement, and, after the coup d'État perpetrated by Cao Kun in Peking, the "people's self determination movement" (guomin zijue yundong), which ended, on June 23, with the formation by the General Chamber of Commerce of a committee enthrusted with establishing a "merchants' government." The Guomindang tried to seize control of these movements, but failed because of, first, the intervention of the main native-place associations (tongxianghui), but also, more generally, of the reticences of the associations, whose political orientation differed notably from the Guomindang's schemes. As judged by their leaders's pronouncements, or their members's activities, this political orientation partakes of an anarchist ethos, that characterizes the period, since the May Fourth Movement, and the "people's self-determination movement" may appear, to a certain extent, as a late expression of this tendency.Cet article examine les relations changeantes entre les associations — Fédération chinoise des Dizaines du salut national (Zhonghua jiuguo shirentuan lianhehui), Unions de marchands par rues (Ge jie shangjie lianhehui) — qui animent, à Shanghai, les diverses mobilisations populaires qui se déroulent au cours du premier semestre de 1923 : mouvement pour le recouvrement du territoire à bail de Liishun et Dalian, puis, après le coup d'État perpétré à Pékin par Cao Kun, «mouvement d'autodétermination populaire » (lequel débouche, le 23 juin, sur la formation par la Chambre générale de commerce d'un comité chargé de préparer la constitution d'un «gouvernement des marchands »), et le Guomindang. Celui-ci tente de prendre le contrôle de ces mobilisations, mais échoue du fait de l'intervention des principaux tongxianghui de la ville, d'abord, mais, plus généralement, des réticences des associations, dont le projet politique apparaît très différent de celui du Guomindang. Le projet politique de ces associations, tel qu'il peut être connu par les déclarations de leurs dirigeants ou les activités mêmes de leurs membres, participe en effet d'une tendance anarchisante, dont relèvent aussi, dans une certaine mesure, le projet d'autonomie locale des notables, tout comme le «mouvement d'autodétermination populaire », qui apparaît comme l'expression tardive de cette tendance, qui caractérise toute la période depuis le mouvement du 4 Mai.Galy Laurent. Le Guomindang et ses relais dans la société shanghaïenne en 1923. In: Études chinoises, vol. 17, n°1-2, Printemps-Automne 1998. pp. 233-294