De la folie à l'écriture : L’exemple de Gérard de Nerval

Médecine. PsychiatrieRésumé : le lien entre création et folie est connu depuis l'Antiquité et trouve une expression tout à fait singulière dans la littérature. Ce mouvement, qui conduit de la folie à l'écriture, se trouve mis en lumière dans l'exemple du poète Gérard de Nerval (1808-1855). La pathographie de Nerval nous révèle que celui-ci fut ébranlé par plusieurs crises psychiques durant sa vie. C'est principalement pendant les périodes de rémission qu'il nous a livrés certaines des plus belles pages de la poésie française. Si les aliénistes de l'époque du poète ont pu évoquer certaines formes de monomanies, nous serions tentés aujourd'hui de parler de trouble bipolaire ou de trouble schizo-affectif, diagnostic rendu un peu plus nébuleux encore par les importantes consommations d'alcool. L'écriture a été pour Nerval bien plus qu'une source de revenus ou de gloire. En effet, le récit nervalien a cela d'incomparable qu'il est indéfectiblement lié au trouble dont souffrait le poète. Ainsi, il se veut à la fois récit clinique, tentative d'écriture thérapeutique, plongée vers l'inconscient mais aussi œuvre d'art. Si aujourd'hui la lecture d'Aurélia nous émeut encore autant, c'est que l'écriture du poète laisse émerger les affres de la maladie qui le rongeait.Summary : The link between creation and madness has been known since ancient times and finds a very singular expression in literature. This movement, which leads from madness to writing, is highlighted in the example of the poet Gérard de Nerval (1808-1855). Nerval's pathology reveals that he was shaken by several mental crises during his life. It was mainly during the periods of remission that he gave us some of the most beautiful pages of French poetry. If the alienists of the poet's time were able to evoke forms of monomania, we would be tempted today to speak of bipolar disorder or schizoaffective disorder, diagnosis made a little more nebulous by the heavy consumption of alcohol. For Nerval, writing has been more than a source of income or glory. In fact, the nervalian narrative is incomparable in that it's indissolubly linked to the disorder with which the poet was suffering. Thus, he wants at the same time clinical narrative, attempt of therapeutic writing, dive towards the unconscious but also work of art. If today the reading of Aurelia still moves us so much, it's that the writing of the poet lets emerge the pangs of the disease that gnawed