Questions de religion et femmes-féminismes

International audienceOn observe une récurrence des expériences de l’oppression de genre par l’imposition d’une normativité publique du contrôle des corps qui opposent, voire excluent, les femmes pratiquantes des revendications féministes dites « laïques ». Si des femmes pratiquantes ne se reconnaissent pas toutes dans les termes de féminisme, elles n’en expriment pas moins une revendication d’égalité des droits qui s’énoncent en termes locaux suivant les différentes aires géographiques et culturelles. Les mouvements de femmes religieuses agissent dans le paradigme islamique pour lutter contre le patriarcat sans pour autant s’inscrire dans un rapport de clash avec les femmes « laïques». Il s’agit bien de sortir de cette binarité simplificatrice, qui voudrait rendre étanches les luttent en matière d’égalité et de justice sociales des femmes, pour saisir comment dans ces différents contextes émergent de nouvelles manières de s’émanciper à travers des subjectivités féminines religieuses. Les subjectivités féminines religieuses se caractérisent par une individuation du rapport au religieux et par des modalités d’action qui s’appuient sur une pluralité de ressources dont une réappropriation de la religion. Ce processus n’est pas propre aux femmes musulmanes, il s’observe également dans d’autres groupes religieux comme en témoignent les expériences des femmes adventistes en Allemagne, ou encore celles initiées au Québec par le groupe de parole de Maria’M. Pour autant, la focalisation sur les femmes musulmanes caractérise de manière exemplaire les enjeux actuels des débats sur une visibilité des signes religieux propres à l’islam qui dérangent le regard dans l’espace public des sociétés occidentales, pluralistes, comme on peut le lire dans les analyses présentées en France, au Québec et en Suisse