J’ai rêvé… : récits de voyage en chanson

International audienceLa mondialisation économique de la seconde moitié du vingtième siècle a accentué les déplacements, qu’ils soient voulus ou pas. Les humains voyagent, qu’ils soient - très schématiquement - dans la société des loisirs occidentale, ou pris dans les flots migratoires du sud de l’Europe et de l’Amérique. Ces flux et reflux sont présents dans la chanson, et ce, depuis l’explosion viatique de la société des loisirs de l’après-Première Guerre mondiale. Dans cette communication, nous voudrions explorer les modalités chantées du voyage, du vingtième siècle à nos jours, en nous interrogeant sur les permanences et les altérités du récit de voyage.Nous analyserons tout d’abord ce qui relève du pittoresque, vision biaisée d’un lieu visité ou vu par rapport à un autre lieu - par exemple l’anti-américanisme de « Où est-il donc ? » (Vincent Scotto, 1937), de « Coin de rue » (Charles Trenet, 1954) et d’autres chansons, tributaires de la montée en puissance de l’empire américain. Nous étudierons ensuite comment le pittoresque devient progressivement critique - par exemple dans « J’ai rêvé New-York » et « Manhattan » (Yves Simon, 1974), malgré une fascination qui reste profonde pour l’ailleurs. Nous terminerons par l’approfondissement de chansons totalement critiques par rapport aux clichés, comme, par exemple, dans « L’Agneau » (Bénabar, 2011) et « Le Complexe du sédentaire » (Bénabar, 2018), qui rejoint « Roar » (Katy Perry, 2013).Notre époque n’est plus aux dénonciations sans nuances d’un ailleurs vu par le petit bout de la lorgnette. Il s’agit plutôt de prendre l’autre comme révélateur de nos conduites pas toujours très honorables. Notre but est de montrer la distance prise par les chanteurs et chanteuses au fil du temps, par rapport au mirage touristique et à des analyses politiques à courte vue