La santé mentale à l’heure du nouveau paradigme prédictif

Avec l’avènement du monde des données massives, François Ewald dans son projet « France 2025 » nous promet une médecine prédictive qui portera le projet d’une gestion prédictive des risques comme comportements ; son horizon ne sera plus la maladie mais la santé. Il n’y sera plus question de malade, de patient en souffrance mais d’agent autonome, garant de sa propre santé dans un rapport strict à soi et à son environnement. Le projet d’une santé globale articulant désormais composantes sociales, physiques et mentales, étend la possibilité d’une médecine prédictive à la santé mentale, à la recherche des signes objectifs des troubles mentaux. Ces signes objectifs, les algorithmes de l’Apprentissage Automatique (Machine Learning) de l’Intelligence Artificielle sont de plus en plus en capacité technique de les prédire et de les révéler en fouillant et en traitant en masse les données médicales et génétiques disponibles, interconnectées avec d’autres données de types différents et de sources différentes comme celles que nous générons spontanément, chaque jour, sur les réseaux sociaux, par la téléphonie mobile et l'internet des objets. Cet exercice prospectif relatif à une santé mentale prédictive se propose de parler dès lors « en creux » de ce bouleversement opéré par digitalisation du monde, inséparable des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Il sera question d’interroger un « au-delà » des liens de causalité et de probabilité comme une nouvelle rupture épistémologique à l’âge digital du Big Data ainsi que la contagion entre un fonctionnement machinique - celui des algorithmes auto-apprenants - et la subjectivité contemporaine