Ensablement de la zone intertidale du littoral de Seine-Maritime : évolution diachronique historique

International audienceAu contact de la Manche Orientale, les plateaux crayeux de la terminaison Nord Occidentale du bassin de Paris, s’interrompent brutalement en falaises vives entrecoupées par de profondes vallées ou de valleuses souvent urbanisées. Au pied de ces abrupts crayeux, pouvant atteindre 100m de haut, se développe une plateforme d’érosion marine à faible pente (1 à 2%) dont la largeur peut atteindre 450 m. A la jonction falaise/plateforme se développe un cordon de galets de silex, transitant du SO vers le NE sous l’action des houles dominantes de quadrant ouest. L’épaisseur de ces cordons est très variable et peut atteindre plusieurs dizaines de mètres lorsque des ouvrages de défense côtière transversaux perturbent leur transit.Cependant, les plateformes d’érosion marine sont parfois recouvertes de formations superficielles sableuses que l’on retrouve sous deux formes. La première correspond à des étendues sableuses pérennes se situant à proximité de débouchés de vallée. Ces étendues d’épaisseur métrique à pluri-métrique masquent l’existence de paléo-chenaux légèrement inscrits sur le platier rocheux. La deuxième forme d’étendues sableuses correspond à des placages d’épaisseur décimétrique à métrique transitant parallèlement au rivage vers le NE sous l’action des courants de houle et de marée.La présence de ces formations superficielles sableuses a toujours été notifiée. Cependant, depuis la fin des années 1990, ces formations semblent s’accentuer considérablement spatialement (Costa, 1997, Augris et al., 2004). Ces phénomènes ne sont pas sans causer quelques désagréments aux activités économiques maritimes, tels que l’ensablement de chenaux d’accès des ports. Notre travail de thèse en cours est de tenter de mettre en évidence ces ensablements et d’en définir les causes, notamment l’origine de cette fraction sableuse.Dans le cadre de ce résumé, il s’agit précisément de proposer les premiers résultats d’une analyse diachronique de l’évolution surfacique de ces ensablements intertidaux, à l’échelle de la Seine-Maritime, entre 1966 et 2018. La méthodologie adoptée consiste à utiliser l’ensemble des photographies aériennes verticales de l’IGN disponibles sur une zone comprise entre le Cap d’Antifer et le port du Tréport. Ces photographies, prises à différents coefficients de marée, ont été homogénéisées à une même limite de basse mer puis analysées à une l’échelle du 1/1000 dans le but de digitaliser les surfaces ensablées visibles sur la zone intertidale.Les premiers résultats de cette étude historique apportent des éléments de réponse quant à l’augmentation des surfaces ensablées sur le platier rocheux de Seine-Maritime depuis les années 1960. Par ailleurs, l’augmentation de cette fraction sableuse intertidale semble connaitre des phases d’accélération puis de ralentissement. Enfin, la présence de sables n’est pas répartie de manière homogène spatialement. En effet, hormis les paléo-talweg comblés de sédiments sableux, le littoral peut être découpé en deux parties distinctes : du Cap d’Antifer aux alentours de Saint-Valéry-en-Caux, les placages sableux sont peu présents voire absents. De Saint-Valéry-en-Caux au port du Tréport, le sable est abondant, notamment autour du Cap d’Ailly