L’homme-livre et le médecin

Si elle est très célèbre et largement diffusée, la série des Costumes grotesques publiée sous le nom de Larmessin à la fin du XVIIe siècle pose encore bien des problèmes. En étudiant un dessin préparatoire inédit, cet article propose de s’interroger sur sa genèse et sa paternité, en remettant en avant la figure de Nicolas Ier de Larmessin (1632-1694). Représentant l’ « habit de médecin », cette feuille conservée à la Bibliothèque nationale de France, marquée par de nombreuses différences avec la composition finale, offre également l’occasion de revenir sur l’iconographie de la Médecine au Grand Siècle et sur sa place parmi les autres « métiers » représentés dans la série. Le dessin permet en effet de s’apercevoir que, sous le gentilhomme en perruque à fine moustache, se cachait initialement un mage hirsute, évoquant davantage les alchimistes mireurs d’urines aveuglés par des dogmes dépassés qu’un galant homme de science.Although very well known and largely circulated, the series of Costumes grotesques published under the name Larmessin in the late 17th century, is still problematic in many ways. This article explores both the origin of the work through a previously unpublished preliminary sketch, and the figure of Nicolas I de Larmessin himself (1632-1694). The drawing depicting “the physician’s outfit” is held at the Bibliothèque nationale de France and shows significant differences with the final composition. It also sheds light on the iconography of medicine in the 17th century and its relation to other “trades” depicted in the series. Indeed, this drawing reveals, beyond the nobleman sporting a wig and a dainty moustache, a dishevelled magus closer to a urine-inspecting alchemist blinded by outdated dogmas than to a courteous man of science