Une étude de la corrélation dans le temps des dépenses des ménages (problème de l'échantillonnage dans le temps dans les enquêtes de consommation)

Dans les enquêtes par sondage qui ont pour objet l'observation de flux, par exemple dans les enquêtes de consommation où sont étudiées les dépenses effectuées au cours de périodes de référence bien choisies, mais souvent déterminées à l'avance de manière assez empirique, un des principaux problèmes soulevés est celui de la connaissance de la régularité des flux considérés au cours du temps. Celle-ci est fonction de la nature spécifique des flux considérés autant que du choix de la longueur de la période élémentaire de référence qui sert à découper le temps. La présente étude contient l'analyse de la variation entre quinzaines successives des consommations observées pour un échantillon de 300 ménages, de niveaux de vie homogène, suivis pendant un an. Elle porte plus spécialement sur l'analyse de la corrélation dans le temps de ces dépenses. C'est de cette corrélation que dépend l'effet de panel affectant les estimations réalisées à partir d'un échantillon fixe. Il est montré, dans ce qui suit, que le corrélogramme empirique des variances entre quinzaines relatif à l'ensemble d'un échantillon de ménages dépend : — de la dispersion des niveaux de vie dans l'échantillon ; — de la dispersion des dépenses effectivement observées pour un ménage, au niveau de la période élémentaire choisie (ici la quinzaine ) par rapport à la moyenne en longue période relative au ménage considéré ; — de la corrélation des dépenses observées entre périodes élémentaires successives, pour un ménage déterminé. Il est formé ensuite une estimation de cette seule dernière composante ; il est montré que le corrélogramme empirique des écarts des dépenses individuelles à leur moyenne constitue en règle générale une estimation biaisée ; et il est procédé à l'estimation économétrique de ce biais. Le résultat obtenu est que la corrélation entre quinzaines successives est en règle générale faible, et qu'ainsi intervient essentiellement la variabilité au niveau de la période élémentaire, dont on constate qu'elle est très différente d'un poste de la consommation à un autre. Les dépenses sont ainsi plus ou moins variables d'une période à l'autre ; d'une quinzaine à l'autre, cette variation se fait le plus souvent au hasard. Les principales exceptions à ce résultat concernent les dépenses alimentaires, plus généralement les dépenses courantes, ainsi que d'autres dépenses peu variables dans le temps, mais survenant de manière périodique. Outre l'intérêt direct et important que les résultats obtenus présentent pour la pratique de l'échantillonnage dans les enquêtes par sondage, il est évident que cette étude jette un jour nouveau sur un aspect généralement peu étudié du comportement des ménages : l'étalement de leurs dépenses dans le temps. Il est à souhaiter que cette étude puisse être reprise sur un échantillon plus vaste, qui permettrait d 'obtenir des résultats mieux représentatifs des comportements de la population française dans son ensemble.Desabie Jacques, Vangrevelingue Gabriel, Rault Christian. Une étude de la corrélation dans le temps des dépenses des ménages (problème de l'échantillonnage dans le temps dans les enquêtes de consommation). In: Etudes et conjoncture - Institut national de la statistique et des études économiques, n°7, 1967 (22ᵉ année). pp. 91-120