La lecture à l'heure du numérique

International audienceEn juin 2019, un adolescent répond à un questionnaire sur ses usages des technologies de l'information. On lui demande entre autres s'il possède "un ordinateur portable", "une tablette", "un smartphone", ou "un téléphone sans connexion à Internet". Intrigué par ce dernier item, l'adolescent demande à l'enquêtrice "ça existe, ça ?"1.L'anecdote est révélatrice de la profonde mutation des moyens et pratiques de communication en cours dans les sociétés post-industrielles 2. Les 30 dernières années ont en effet vu la massification des usages des technologies numériques, d'abord parmi les catégories sociales favorisées des pays développés, puis progressivement dans la majorité de la population et dans les autres régions du monde y compris certains pays pauvres. Alors qu'en 1997 moins de 2% de la population mondiale avait accès à Internet, 20 ans après,ce pourcentage dépassait les 50% selon les estimations de l'International Telecommunications Union (ITU, 2018). Le nombre d'abonnements à la téléphonie mobile avec accès à Internet dépasse les deux milliards soit environ 25% de la population du globe.En France, 84,5% des personnes déclaraient s'être connectées à Internet au moins une fois au cours du mois de mai 2019 selon Médiamétrie, un chiffre représentatif des taux d'usage dans les économies post-industrielles.Le temps quotidien passé sur Internet avoisinerait en moyenne les deux heures dont 1h30 via un téléphone mobile, toutes catégories sociales confondues.Les technologies numériques fixes ou nomades ont transformé une multitude d'activités et donné naissance à des moyens nouveaux pour s'informer ou communiquer.Sans entrer dans le détail de ces activités, ilest essentiel de réaliser qu'elles passent toutes peu ou prou parl a lecture d'informations écrites. Même les services les plus «imagés» comme les sites de météo, les pages Facebook, ou les chaines vidéo sur Youtube (et les clips vidéo eux-mêmes) contiennent une quantité plus ou moins importante de langage écrit. Elles présupposent donc la maîtrise de la lecture en même temps qu'elles donnent naissance à de nouveaux types de textes et de nouvelles stratégies de lecture.1 Anecdote rapportée par Mônica Macedo-Rouet et reproduite ici avec son aimable permission.2J.-F. Rouet, B. Germain, IMazel, I. (dir.), Lecture et technologies numériques, Canopé -CNDP, 200