« Notre tempérament est notre maître » écrivait Paul Léautaud, retrouvant sans le savoir la maxime d'Héraclite selon laquelle « le tempérament de l'homme est son destin » (Ethos anthropo daimon). Le Daimon de Léautaud (1872-1956), on peut l'appeler « Maurice Boissard », du nom de ce personnage que l'écrivain s'était inventé à 30 ans pour signer ses chroniques dramatiques au Mercure de France, un vieillard narcissique, sarcastique, impitoyable, mélancolique et original préfigurant son propre devenir. Effets d'annonces, intuitions prophétiques de ce « devenir Boissard », moments de révolte puis de résignations, résurgences d'autres moi possibles notés « dans un coin de journal »...