L’expertise du faux monétaire et de la déception en justice à la fin du Moyen Âge français

L’essor des expertises en matière de faux monétaire à la fin du Moyen Âge français, observé entre les règnes de Charles VI et de Charles VII, confère une autorité à l’expertise, qu’elle soit instituée ou non. Le chiffrage du poids et de l’aloi des espèces, évalué par des essais ou par le regard spécialisé, aboutit à une estimation comptable de la part de métal précieux. Toutefois, ce chiffrage induit étrangement l’abolition de la totalité de la valeur, une fois rencontrées la complainte des victimes et les ambitions souveraines. Entre déception, fraude et majesté, la réification monétaire est certes stimulée par l’expertise, mais elle n’est qu’un socle justificatif sur lequel fut édifiée une pratique politique de la « science certaine » très éloignée des formes initialement déployées. L’expertise du faux, engagée par la proportion, conduit en fait à la disproportion de la majesté monétaire.The rapid development of expertise with regard to counterfeit money at the end of the French Middle Ages, observed between the reigns of Charles VI and Charles VII, reinforced (officially or unofficially) the authority of the experts. The appraisal of the weight and value of coins, evaluated by testing or specialist scrutiny, gave as result an accountant’s estimate of the precious metal content. Despite this, however, this appraisal would lead, paradoxically, to the abolition of the totality of the value, when faced with the cry of the victim and the ambitions of the sovereign. Between deception, fraud and the royal power, monetary reification was, no doubt, stimulated by expertise, but that was only the justificatory basis on which to build the political practice of “certain science” which strayed far from its original forms. Counterfeit expertise which began with a sense of proportion led to the disproportionate exercise of royal monetary power