Catulle est-il un ‘classique’ pour Ausone? La connaissance et l’émulation de Catulle chez Ausone

Dans Ausone, les allusions à Catulle sont limitées à quelques motifs et à quelques poèmes : ce sont, très souvent, les mêmes thèmes et les mêmes éléments de codification des genres poétiques dans lesquels la valeur paradigmatique de Catulle a été reconnue par la grande poésie des premiers siècles de l’Empire. Ausone propose à ses lecteurs le Catulle ‘consacré’ par la tradition poétique et culturelle postérieure. Le poème d’incipit du Liber, les épigrammes consacrées au thème des ‘baisers’ sont, peut-être, les plus cités par Martial : Ausone les cite ou y fait clairement allusion, et ses lecteurs étaient sans doute en état d’apprécier ce ré-emploi savant. L’amour de Catulle pour Lesbia était certainement un modèle d’éros épigrammatique et élégiaque, célébré par Ovide et par le même Martial : dans ses épigrammes, Ausone propose, presque certainement, une relecture de ce paradigme-là. D’autres thèmes et d’autres poèmes des nugae catulliennes sont aussi familiers (le topos du ‘retour du printemps’, très répandu dans la poésie de l’Antiquité tardive, avait certainement un modèle dans le poème 46 de Catulle). Les épithalames sont bien appréciés, tandis que le poème 68, la ‘première élégie’ romaine, est aussi familière à Ausone et à ses lecteurs, notamment pour sa forme épistolaire, pour ses thèmes érotiques et funéraires ; vraisemblablement, on reconnaissait au poème 64 une valeur de fondation de la nouvelle poésie épique romaine. La tradition philologique a eu aussi son importance, en proposant des repêchages sélectifs et érudits de termes et de motifs catulliens