Assurer une motorisation agricole durable en zones cotonnières d'Afrique subsaharienne : esquisse de projet

L'Afrique subsaharienne est la région du monde la moins avancée en matière de motorisation agricole notamment pour le nombre de tracteurs en fonction, moins pour les machines à poste fixe (pompe, appareils de post-récolte). Depuis quelques années, une forte demande de tracteurs est exprimée. D'abord par les producteurs en raison de la raréfaction de la main d'oeuvre agricole, pénalisant la traction animale, et des coûts pour certaines exploitations émergentes de la main d'oeuvre salariée qu'elles emploient. Ensuite par la société civile qui voit dans la motorisation une modernisation de leur agriculture. La diffusion de tracteurs est aussi pour cette dernière une action ostensible. Cependant ces actions de type one shot sont souvent des échecs. La cause principale sont les pannes et immobilisations des tracteurs dues aux carences des pièces détachées et de structures de réparation, aux mauvaises conditions de leur utilisation (parcelles mal préparées et voiries non adaptées), et à la formation insuffisante des tractoristes dans la conduite et l'entretien des tracteurs. Pour assurer une motorisation durable, trois préoccupations doivent être prises en compte : la durabilité du matériel, la durabilité économique et la durabilité des terres. La durabilité du matériel peut être obtenue en tirant partie de l'éventail diversifié de matériel proposé (souvent en provenance d'Asie ou d'Amérique Latine) et en testant leur fiabilité, en mettant en place un réseau de mise à disposition de pièces détachées et des structures de formation de mécaniciens et de tractoristes. Le faible nombre de tracteurs en fonction ou en prévision ne permet pas au secteur privé d'assurer seul ces fonctions qui doivent être accompagnée par un projet au démarrage. La durabilité économique repose sur une défiscalisation des matériels et pièces détachées, un choix préalable des exploitations à équiper et le maintien de la traction animale dans celles-ci. Toutes les formes de motorisation et de trajectoires doivent être encouragées, les acquisitions comme les entreprises de service ou régies, les tracteurs comme les motoculteurs. Les enquêtes montrent que l'acquisition d'un tracteur dans une exploitation se traduit par une extension des surfaces cultivées et des travaux à façon qui permettent de la rentabiliser. La durabilité des terres travaillées est essentielle. La motorisation demande des parcelles complètement essouchées et épierrées, ce qui augmente leur sensibilité à l'érosion hydrique et éolienne. Il faut donc mettre en place des aménagements et des re-végétalisations des blocs motorisés préalables à l'acquisition du tracteur. La recherche pour valider des travaux de préparation simplifiée sont à mener. Un projet de motorisation doit donc assurer ces trois préoccupations en mobilisant autant que possible les acteurs privés pour assurer les conditions favorables à la diffusion de la motorisation. Pour mobiliser des financements, il est important de montrer par des études que la motorisation peut bénéficier aussi aux femmes et aux jeunes en réduisant le pénibilité de certaines de leurs tâches, bénéficier aussi aux autres exploitations et ne pas conduire à une dégradation des terres