Les festivals français aux prises avec l'engagement citoyen

International audienceL’image animée a, depuis son invention, été envisagée comme un véhicule privilégié de messages, sous une forme ludique et accessible, en direction du grand public comme de publics plus ciblés. Ceci explique qu’elle ait constitué, au cours de l’histoire, un support propice à l’engagement, propre à supporter les besoins des causes de toutes natures, quel que soit le genre retenu (fiction, documentaire, film éducatif…).Aujourd’hui, la distribution en salles est clairement mono-centrée autour de la diffusion de films de fiction de long métrage, en format standard (35 mm ou Numérique 2K). Qu’advient-il, alors, des films dits « engagés » dans ce contexte, sachant d’une part qu’ils ne choisissent que minoritairement la forme fictionnelle, et d’autres part qu’ils n’ont que très rarement la possibilité d’accéder à un format de production standard ? Comment, dans ce cadre, rencontrent-ils leur public ?Si Internet constitue indéniablement un espace propice à la circulation facilitée de documents audiovisuels diversifiés, les formes collectives de visionnement demeurent souvent privilégiées dans le cadre de la diffusion d’œuvres engagées. En particulier, la forme « festival » se propose comme un dispositif particulièrement propice, et ce pour plusieurs raisons : -en préservant le caractère communautaire de la projection, ils facilitent l’émergence d’une communauté autour des valeurs portées par la programmation,-en organisant des débats à l’issue des projections, ils travaillent à structurer les émotions générées par le visionnement des documents cinématographiques ou audiovisuels,-en adoptant un cadre festif, ils permettent à cette symbiose idéologique de s’affirmer collectivement,-en adoptant une forme événementielle, ils engendrent un phénomène de concentration de l’attention médiatique pendant la durée de la manifestation, et donc une large diffusion de l’objet de l’engagement. L’objet de cet article est, au prisme de ces différentes constatations, d’interroger les enjeux qui entourent le choix récurrent de ce dispositif par les acteurs de l’engagement en France, au-delà de la diversité des causes soutenues par ces derniers