Diderot entre Socrate et Sénèque

none1noDans la biographie intellectuelle de Diderot philosophe, qui aime infiniment le Socrate de Platon, et qui, à la différence de Rousseau, n'est pas toujours disposé à distinguer entre le sage d'Athènes et le martyr de l'Aréopage, la réfléxion sur Socrate se transforme en une recherche passionnée de sa propre identité philosophique. Pour Diderot, Socrate représente l'idée limite de soi-même aussi bien en tant que philosophe qu'en tant qu'homme. Il est à jamais le témoin de la vertu sublime comme le problème d'un surmoi inatteignable et finalement impossible. En effet, au lendemain de son expérience russe si discutée et si ambiguë, qui avait contraint Diderot à se mesurer avec les raisons impures des rois et les abjections misérables des hommes, Sénèque, lui convient. Aussi verra-t-on l'honnête païen, « le plus vertueux et le plus malheureux des hommes », dont l'héroïsme avait plutôt consisté dans la résistance, dans le service, et dans la fatigue des fonctions que dans la vertu inoxydable et dans le geste sublime, prendre la place de Socrate dans ses œuvres aussi bien que dans sa biographie: les clairs-obscurs tacitiens de la sombre tyrannie impériale offrent le scénario de la nouvelle tyrannie du règne de Louis XV, les tensions non résolues et les ambiguités du philosophe de Coïmbre le fond nuageux du conflit intime entre les devoirs intransigeants du sage et les faiblesses inéluctables de l'homme.mixedM. SpallanzaniM. Spallanzan