Servant-like Lords and Heavenly Kings: Jangchup Gyeltsen and the Fifth Dalai Lama on Governance and Kingship

Au moment du déclin du pouvoir de l’Empire Mongol au Tibet Central, au début du XIVe siècle, Jangchup Gyeltsen (Byang chub rgyal mtshan ; 1302-1364) devint le premier souverain tibétain autochtone à unifier la région après cinq cents ans. En tant que tel, Jangchup Gyeltsen joue donc un rôle fondamental dans l’histoire du Tibet et, ainsi que d’autres héros nationaux, ses représentations sont souvent récupérées dans les projets politiques et sociaux de ceux qui ont conté son histoire. L’histoire de Jangchup Gyeltsen la plus connue est celle rédigée par le Cinquième Dalai Lama, Ngawang Losang Gyatso (Ngag dbang blo bzang rgya mtsho ; 1617-1682), dans son histoire tibétaine, le Chant de la Reine du Printemps (Dpyid kyi rgyal mo’i glu dbyangs). Dans cet ouvrage, le Cinquième Dalai Lama donne à voir Jangchup Gyeltsen comme un souverain exemplaire, comme le vainqueur qui a établi l’ordre administratif, légal et social au Tibet et le met en avant en tant que modèle de royauté. Dans son ouvrage autobiographique, Jangchup Gyeltsen se présente comme un souverain idéal mais très différent de celui décrit par le Cinquième Dalai Lama. Les conseils qu’il offre, à travers son récit de vie, sur la façon de gouverner, contrastent avec le paradigme de royauté proposé par le Cinquième Dalai Lama. Les indications que Jangchup Gyeltsen donne sont peu communes dans la littérature historique tibétaine dans le sens où elles ne se concentrent pas sur la royauté, les lois ou les cosmologies bouddhiques. Au contraire, ses conseils concernent les relations entre les souverains (khri dpon) et les serviteurs (g.yog) : selon Jangchup Gyeltsen, pour que le royaume prospère, les souverains devraient apprendre à être comme des serviteurs et leurs serviteurs devraient savoir de quelle façon bien gouverner. Dans cet article, nous comparons les paradigmes du pouvoir et du gouvernement de ces deux auteurs, Jangchup Gyeltsen et le Cinquième Dalai Lama et, à travers leurs analyses, soulignons les différentes descriptions des structures sociales tibétaines.Gamble Ruth, Yangmotso . Servant-like Lords and Heavenly Kings: Jangchup Gyeltsen and the Fifth Dalai Lama on Governance and Kingship. In: Cahiers d'Extrême-Asie, vol. 24, 2015. Kingship, Ritual, and Narrative in Tibet and the Surrounding Cultural Area / Royauté, rituel et narration au Tibet et dans l'aire culturelle alentour. pp. 145-167