Provenance et utilisation de la pierre dans la basse vallée de la Loire (Ier siècle av. J.-C. - VIIIe siècle ap. J.-C.)

The economy of the stone is a most interdisciplinary field of research which raises very diverse problems. The present study is at the crossroads of geology and archaeology. The point is not to begin a new architectural or stylistic study of the low valley of the Loire between the Roman conquest and the Carolingian period, nor to launch into a thorough survey of the techniques of extraction or cutting, but rather to look into the way the local mineral resources were exploited and to examine the importing network of exogenous materials. This work aims on the one hand at drawing up an inventory of the Gallo-Roman and Merovingian quarries, and on the other hand at characterizing the different rocks employed on the built facilities and a wide range of stone elements, then to try to identify their potential area of extraction, and finally to see if particular trends appear in the use of these rocks, according to spatial, temporal or architectural criteria. This work shows that the territories under investigation form, during the Antiquity and at the beginning of the Early Middle Ages, a relatively coherent economic group, due to their strategies of stone supply, strongly conditioned by the economic main line the Loire is. The discovery of sources of supply from Nivernais additionally allows to invalidate the idea according to which the limestone dressed stone used on the Basse-Loire necessarily came from Anjou or from Poitou-Charentes.L’économie de la pierre est un champ de recherche qui soulève des problématiques très diverses et accorde une large place à l’interdisciplinarité. C’est à l’interface de la géologie et de l’archéologie que s’inscrit la présente étude. Il est question, pour une aire géographique correspondant à la basse vallée de la Loire et dans un cadre chronologique allant de la conquête romaine à la période carolingienne, non pas d’entreprendre une nouvelle étude architecturale ou stylistique, ni d’engager une enquête approfondie sur les techniques d’extraction ou de taille, mais plutôt de se pencher sur la manière dont les ressources minérales locales ont été mises à contribution et sur les circuits d’importation de matériaux exogènes. Il s’agit, d’une part de dresser un inventaire des sites d’extraction gallo-romains et mérovingiens, d’autre part de caractériser les différentes roches employées dans les aménagements construits et dans un large éventail d’éléments en pierre, par suite de tenter de préciser leur aire potentielle d’extraction, enfin de voir si des tendances particulières se dégagent dans l’utilisation de ces roches en fonction de critères spatiaux, temporels ou architecturaux. Une large place est ainsi accordée à la géologie, l’identification des sources d’approvisionnement représentant un préalable indispensable à toute réflexion relative à l’économie de la pierre. Ce travail montre que les territoires étudiés forment, durant l’Antiquité et le début du haut Moyen Âge, un ensemble économique relativement cohérent de par leurs stratégies d’approvisionnement en pierre, fortement conditionnées par le grand axe économique que constitue la Loire. La mise en évidence de sources d’approvisionnement nivernaises permet par ailleurs de rompre avec l’idée, héritée du XIXe siècle, selon laquelle la pierre de taille calcaire employée en Basse-Loire venait nécessairement de l’Anjou ou du Poitou-Charentes