Révolution et praxis dans Le Neveu de Rameau, roman du jeu de l’éthique sociale

La Satyre seconde de Diderot est conçue comme une mise en scène de la tragédie de la liberté du sujet moderne. L’action autonome de LUI est détaché de la « substance éthique », la reconnaissance de valeur de la part de la communauté des hommes lui est niée. La lecture hégélienne du Neveu, dans la l’hénoménologie de l’esprit, garde sa légitimité et ses limites (§ 1). Sa légitimité se teste sur ce terrain de l’expression de la conscience déchirée et par l’analyse du monde social individualisé, qui coïncident, dans l’histoire, avec l’avènement de la Révolution française. LUI exprime, par ses pantomimes et par un « industrie organique » vide de la représentation de soi, le syllogisme révolutionnaire de la conscience morale (§ 2) : la société féodale, avec ses lois, ses contraintes etc. « est bonne à noyer ». On propose, ensuite, « dix thèses » sur le Neveu (§ 3), dix trajets de lecture qui forment le système historico-herméneutique révolutionnaire du texte, tournant autour d’un centre commun : comment un « je », un « lui », se transforme-t-il en « nous » ? Cette forme satyrique de tragédie de la liberté a une histoire et deux sources littéraires : le roman picaresque et la Commedia dell’arte (§ 4), dont on expose les concepts-clé, philosophiques, qui les animent. Le roman de jeu qu’est le Neveu ouvre sur des considérations touchant au « renversement » de la conscience noble, antagoniste de LUI, à l’époque révolutionnaire, chez Hegel lecteur de Jacques le fataliste et son maître (§ 5).Revolution and praxis in Le Neveu de Rameau, the play of social ethicsDiderot’s Satire seconde puts on stage the tragedy of the modern subject’s liberty. LUI’s autonomous action is detached from ‘ethical substance’ and society denies him any value. Hegel’s reading of the Neveu, in the Phenomenology of mind, is still valid, despite its limits. He sees it as the expression of divided consciousness and the analysis of a society of individuals, which coincides historically with the French Revolution. LUI’s pantomimes and ‘organic industry’, devoid of any representation of himself, express the revolutionary syllogism of moral consciousness for which feudal society with its laws and constraints, if ‘fit to be drowned’. We also present here ‘ten theses’ conerning the Neveu, which bring out the work’s revolutionary historical and hermeneutic system, centred around a common core, namely the question as to how ‘I’ and ‘be’ are transformed into ‘us’. This satirical form of the tragedy of liberty has a history and two literary sources, namely the picaresque novel and the Commedia dell’arte, whose key underlying philosophical concepts are discussed. The Neveu leads on to considerations concerning the ‘reversal’ of noble consciousness, opposed to LUI during the revolutionary era, to be found in Hegel’s reading of Jacques le fataliste et son maître