Poser la question de l’articulation entre l’écriture de soi et la prose d’idées en s’appuyant sur l’exemple des Mémoires de Marmontel, c’est s’interroger plus globalement sur la possibilité d’une pensée des larmes, si l’on peut dire. Il s’agit de savoir si, quand on pleure ou que l’on fait pleurer, on peut encore penser. Dans ce XVIIIe siècle qui vit triompher la raison des Lumières, mais aussi le goût des larmes du public, il semble bien que le pathétique se soit mis au service de stratégies argumentatives extrêmement retorses et efficaces. Le récit de Marmontel fournit un exemple très particulier de dialogisme, en particulier dans sa construction qui oppose, très schématiquement, la vie privée dans la première partie et la vie publique da...