Le corps comme élément d’élaboration de nouveaux savoirs sur l’enfance délinquante

Basé sur l’analyse de sources médicales (ouvrages, périodiques, thèses de médecine), cet article étudie le rôle joué par l’élément corporel dans l’établissement des savoirs et des théories médicales concernant les mineurs délinquants entre la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle. Soumis aux expertises médico-psychologiques, le corps des enfants délinquants a pris alors une place centrale dans le processus d’évaluation de la cause et du déroulement de l’acte délinquant, mais aussi du traitement à lui apporter. L’évolution s’est opérée en plusieurs étapes, qui ont vu se télescoper plusieurs paradigmes médicaux (étudiés en détail dans l’article) dans la définition et la représentation des rapports entre corporalité et acte délinquant. A la veille de la deuxième guerre mondiale, le processus semble mené à son terme : l’acte délictueux est considéré désormais comme la conséquence d’une défectuosité biologique, ce qui va permettre aux médecins de revendiquer, puis d’obtenir avec l’assentiment des magistrats, une part prépondérante dans le processus de diagnostic des causes de la délinquance juvénile et des moyens à mettre en œuvre pour la limiter.The human body as a basis for new forms of knowledge about the delinquent child. Based on the analysis of medical sources (books, journals, medical thesis), this paper studies the role played by the body in establishing knowledge and medical theories concerning juvenile delinquents between the end of the 19th century and the first half of the 20th century. Subjected to medico-psychological appraisal, the bodies of juvenile delinquents took a center place in the process of cause evaluation and course of delinquent acts, but also in treatment. This evolution took place in several steps which saw the intermingling of several medical paradigms (studied in detail in this article) in the definition and the representation of the connection between corporality and delinquent act. On the eve of the second world war, the process seems to have been completed: the criminal act was considered as the consequence of a biological defect which gave the medical corps the possibility of requesting, and obtaining with the support of the magistrates, a major role in the diagnostic process of the causes of juvenile delinquency and the means of limiting it