« Lucy in the sky »… ou penser l’espace en millions d’années

La paléoanthropologie offre au géographe un terrain d’exercice rêvé pour appréhender le rapport à l’espace de scientifiques qui essaient d’élaborer les scénarios de l’évolution et de « l’odyssée » des espèces. Dans ces tentatives, le déterminisme géographique, décliné en déterminisme écosystémique, climatique, voire géologique, est souvent de règle. Un retour sur la célèbre et médiatique « théorie » de l’East Side Story de Y. Coppens permet de montrer comment le récit prend le pas sur l’argumentation scientifique et souligne la difficulté de « penser l’espace en millions d’années ». Une relecture nécessaire à un moment où les thèses créationnistes se font de plus en plus prégnantes.Paleoanthropology offers an ideal practicing ground to grasp the relationship scientists entertain with space when trying to build up the scenarios of evolution. In these attempts, the geographical determinism, declined in ecosystematic, climatic, even geologic determinism, is often the rule. Revisiting the famous and much publicized theory of East Side Story shows how the narration takes over from the scientific argumentation and underlines the difficulty of “thinking in million-year terms”. Such second reading is particularly important at a moment when the creationist thesis become stronger