Les usages de la flexibilité temporelle chez les enseignantes du secondaire

De par sa flexibilité temporelle, il existe une perception largement répandue selon laquelle la profession enseignante serait woman-friendly, « bien pour une femme ». Le « plafond de verre » est pourtant une réalité pour de nombreuses femmes au sein de l’enseignement du second degré. Centré sur une étude des perceptions et des pratiques temporelles au sein de ce groupe professionnel dans une perspective de genre, cet article s’appuie sur une analyse critique des discours de 40 entretiens individuels réalisés auprès d’hommes et de femmes enseignant-e-s du secondaire et de leurs « carnets-temps ». Il s’agit d’explorer la manière dont ils et elles utilisent leur temps et cette flexibilité professionnelle. Le résultat de cette recherche permet de montrer que les expériences temporelles sexuées sont particulièrement prédominantes, ce qui contribue à expliquer les difficultés des femmes enseignantes à accéder aux positions les plus prestigieuses et les mieux rémunérées de la hiérarchie. Néanmoins, la mobilisation d’une typologie des expériences temporelles des enseignantes nous conduit à identifier l’existence de discours alternatifs, reconnaissant ainsi les contrastes du degré selon lequel les rapports sociaux de sexe sont reproduits, reconfigurés ou transformés au sein de la profession.Because of its temporal flexibility, there is a widespread notion that the teaching profession is ‘woman-friendly’ or “good for women”. However, there is extensive evidence that a ‘glass ceiling’ exists for female secondary school teachers too. Based on a study of temporal perceptions and practices within the teaching profession in a gendered perspective, this paper draws on the critical discourse analysis of forty individual interviews conducted with male and female secondary school teachers and of their schedules. The aim was to examine the use they make of their time and professional flexibility. The results of our research show that gendered experiences of time are quite prominent in the profession, which partly explains the difficulties woman teachers have in attaining the most prestigious and best-paid positions. However, elaborating a typology of woman teachers’ experiences allowed us to identify alternative discourses as well, thus acknowledging the contrast between the degrees to which, within the profession, existing gender relations are either reproduced, reformed or transformed