Faut-il brûler les Znieff ?

Les enjeux de biodiversité prennent un poids de plus en plus important dans le débat sur l’aménagement du territoire. En France, la connaissance du patrimoine naturel est très largement fondée sur une base de données spatiales originale centralisée au Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) et dans les services du Ministère chargé de l’environnement : les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (Znieff). Les Znieff couvrent en effet plus de 20 % de la superficie nationale. Ce zonage de savoir est devenu, avec le temps, zonage de pouvoir et d’action à l’origine de nombreuses politiques territoriales. L’administration et le MNHN présentent les Znieff comme un inventaire scientifique. L’analyse cartographique montre pourtant que la disparité considérable de leur couverture entre les régions françaises est indépendante des réalités écologiques locales. Elle pose le problème de la légitimité et de l’équité de ces zonages dès lors qu’ils interviennent dans le projet démocratique d’aménagement du territoire. Dans cet article, nous démontrons que la connaissance de la nature est incomplète sur le territoire et que ses fondements scientifiques (biologiques) sont fragiles. Puisque les Znieff sont à la base de l’essentiel des politiques, c’est l’ensemble du dispositif de gestion/protection de la nature qui est instable. Le fichier est pourtant une construction remarquable issue des acteurs locaux, une base de connaissance qui mériterait une utilisation différente de celle dont elle est l’objet.Biodiversity stakes are getting more and more important in country planning. In France, knowledge about nature is principally founded on a very original data base gathered at the Museum National d’Histoire Naturelle (MNHN) and in the state administration of environment: the Natural Interesting Zones about Ecology, Fauna and, Flora in French, Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF). ZNIEFF cover more than 20% of French surface. It was only a knowledge zoning, at the beginning. Over the years, it evolved into a power and planning zoning. It is nowadays an argument for many territorial politics. Administration and MNHN present the ZNIEFF database as a scientific inventory. Yet, mapping analyses show considerable disparities of covering between French regions with no relation with ecological local reality. For example, ZNIEFF surface is more important around Paris than in Limousin region where large wild areas still exist. This fact introduces a problem of legitimacy and equity as soon as this data base is shown as the low in democratic country planning process. Here we show that knowledge of nature is not regular on the territory and its scientific (biological) foundations are very thin. As ZNIEFF are the bases of main politics, the entire nature conservation and protection system is unstable in this country. Nevertheless, this data base is a very interesting construction from local partnerships; a cognitive production which could be used in a different way