Les historiens qui se sont intéressés à la sexualité au xviie siècle ont souvent noté qu’il était rare d’accéder à une parole féminine. Quelques bribes en subsistent pourtant, que délivrent les biographies et autobiographies spirituelles de femmes dévotes et les archives des tribunaux d’Église (Officialités). À partir de cette parole enchâssée dans d’autres discours – ceux des hommes et femmes d’Église qui les recueillent, ceux des juges qui les enregistrent –, opacifiée par des visées particulières – hagiographique ou judiciaire –, censurée parfois, on ne peut espérer atteindre la réalité des pratiques sexuelles. En revanche, les silences qui la ponctuent donnent à voir l’importance de l’ignorance, de l’innocence et de la feinte dans l’exp...