Du simulacre à la simulation : la vérité de l’artifice dans Galatea 2.2 de Richard Powers

Cet article propose de voir en Galatea 2.2 une mise à jour du « Pygmalion » d’Ovide : le roman déplace la question de l’artifice pour la poser non plus sur le terrain de l’imitation mais sur celui de la simulation. Contrairement à l’imitation, qui laisse le spectateur à l’extérieur de la représentation, la simulation fait entrer celui-ci à l’intérieur et l’oblige à y prendre part, reproduisant ainsi l’échange qui lie le moi au monde. Cette boucle interactive par laquelle la simulation mime la sensation du sujet d’être pris dans le système du réel ne constitue pas seulement le sujet du roman mais aussi son principe actif. En attirant le lecteur à l’intérieur de sa simulation, le texte le pousse à interagir avec lui et à se laisser prendre dans son réseau. Cette expérience initie le lecteur à une conception originale du pouvoir et de la fonction de la représentation.This paper suggests that Richard Powers’ Galatea 2.2 may be construed as an up-dated version of Ovid’s “Pygmalion” insofar as it no longer pauses the question of artifice in terms of imitation but in terms of simulation. As opposed to simple imitation – whose artifice keeps the observer out of representation – complex simulation places the observer inside representation and makes him an active participant in it, thus duplicating the dialogue in which the self and the world are involved. This interactive feed-back loop, which simulates our sense of being caught in the ecosystem of the world, is not only the subject matter of the novel, it is also the active principle of the text. Drawing the reader into its simulation, the text prompts him to interact with it and to feel caught in its web. This experience introduces the reader to Powers’ original approach to the potency and function of representation