Écrire l’histoire de la prostitution des mineur(e)s consiste à rendre compte tout autant du foisonnement des réponses institutionnelle, religieuse, médicale et philanthropique aux sexualités d’une jeunesse incontrôlée, considérées comme « déviantes », que de l’expérience prostitutionnelle en soi. L’enquête médico-sociale sur la prostitution des mineur(e)s menée en 1932 par le Dr Suzanne Serin, et le projet de prévention qu’elle inspire, illustrent le double pouvoir des experts au XXe siècle : définition et traitement des « déviances sociales ». À chacun de ces champs correspond, pour celui qui souhaite en faire l’étude, une méthode – discursive ou empirique – éclairant la diversité des « paradigmes interprétatifs » de la prostitution comme ...