Concept et fonction des sciences de l’esprit (Geisteswissenschaften) dans la philosophie de Hermann Cohen

Cet article traite de la question de savoir quel rôle les « sciences de l’esprit » ont joué dans la philosophie du néokantisme de Marbourg, tout particulièrement chez Hermann Cohen. Il montre comment ces sciences, conçues comme des « sciences morales », forment le fait de référence transcendantal de l’éthique. La préférence qui s’y rattache pour une « pure » doctrine du droit permet de mettre en évidence l’intérêt pour celles des « sciences morales » qui ont pour objet un être de l’homme déterminé par un devoir-être (Sollen). Il est néanmoins possible de trouver chez Cohen plusieurs éléments d’une théorie générale des sciences de l’esprit - une théorie qui se distingue aussi bien de la logique de Rickert que de l’herméneutique de Dilthey.Der Beitrag geht der Frage nach, welche Rolle die Geisteswissenschaften in der Philosophie des Marburger Neukantianismus, insbesondere Hermann Cohens, spielen. Es wird gezeigt, wie sie - als sciences morales aufgefasst - das transzendentale Bezugsfaktum der Ethik bilden. Die damit verbundene Präferenz für eine « reine » Rechtswissenschaft macht deutlich, dass das Interesse denjenigen sciences morales gilt, die das durch ein Sollen bestimmte menschliche Sein zum Objekt haben. Trotzdem lassen sich bei Cohen einige Elemente einer allgemeinen Theorie der Geisteswissenschaften ausmachen - einer sich sowohl von Rickerts Logik wie von Diltheys Hermeneutik unterscheidenden Theorie.This article inquires into the role played by the « sciences of spirit » in the philosophy of the Marburg School of Neokantian philosophy, especially that of Hermann Cohen. It shows that these sciences, when they are conceived as « moral sciences », constitute the transcendental « reference-fact » (Bezugsfaktum)of ethics. The preference for a « pure » doctrine of law which is linked to this conception evinces an interest for those moral sciences whose object is a Being of man determined by an ought (Sollen). It is nevertheless possible to find in Cohen several elements of a general theory of the sciences of spirit - a theory which distinguishes itself from Rickert’s Logik as well as from Dilthey’s Herme-neutics