Qu’il soit littéraire ou pictural, le paysage a longtemps été doté dans les théories esthétiques classiques d’une fonction purement ornementale : il n’est dans l’ordre rhétorique qu’une ancilla narrationis et occupe dans le domaine des beaux-arts un rang bien inférieur à celui de la peinture d’histoire. C’est au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle que cette longue tradition d’insignifiance se trouve peu à peu contestée : le paysage – image d’un pays – se voit investi d’une signification centrale dans l’ordre pictural, littéraire, géographique ou national. Invoqué en poésie, minutieusement relevé dans les cartes militaires, projeté dans les utopies, il devient un réservoir de signes, une sorte d’arsenal topographique où la nation puise les ...