Le concept d’idéologie analysé depuis une position phénoménologique

Cet article analyse le cheminement argumentatif de deux grands auteurs : Paul Ricœur et Axel Honneth dans leur tentative pour renouveler les cadres d’une réflexion (phénoménologique) sur l’idéologie. Le premier insiste sur le nouage entre praxis, imaginaire et cadres symboliques afin de rejeter l’idée qu’aucune connaissance vraie du monde n’est accessible au sujet. Sortant du paradoxe de Mannheim par ce chemin, il indique alors que l’idéologie comme déformation est connaissable, et l’organisation du monde authentiquement critiquable, notamment à partir de la position conquise par l’utopie. Idéologie et utopie sont à inscrire comme la dialectique même de l’activité de connaissance du sujet. Honneth conteste également que tout ne soit qu’idéologie. En rééquilibrant le concept d’imaginaire lacanien par celui de reconnaissance il indique une voie de sortie au problème de la connaissance idéologique d’autrui et ouvre, du même mouvement, la possibilité de comprendre ce que peut être une idéologie de la fausse reconnaissance. Dans les deux cas, le déplacement des concepts aident puissamment les analystes du discours à se positionner.This paper analyses the argumentative path of two significant authors - Paul Ricoeur and Axel Honneth - in their attempt to revitalize the frames of a (phenomenological) study on ideology. Ricœur insists on the interrelation between practice, the imaginary and symbolic frames in order to set aside the idea that no real knowledge of the world is accessible to the subject. This way, he is able to get round Mannheim’s paradox and then goes on by stating that ideology as a distortion is knowable and that the world’s organization is genuinely criticizable, especially from the position acquired through utopia. Ideology and utopia are to be related to the core of dialectics of the subject’s knowledge activity. Honneth also impugns that everything is ideology. By balancing the lacanian concept of Imaginary by the concept of recognition he allows to exit the problem of the ideological knowledge of the Other and with the same impulse, he opens the possibility of understanding what an ideology of false recognition can be. In both cases, shifting the concepts strongly helps discourse analysts to take a stand