Des femmes, des hommes et des rumeurs. Hommes machos et femmes stigmatisées/antes dans une ville de tourisme sexuel

Afin d’étudier les changements qui s’opèrent dans les rapports de genre à Sosúa, une destination de tourisme sexuel majoritairement fréquentée par des Allemands, cet article analyse les rumeurs qui entourent les travailleuses du sexe dominicaines. Dans le sexscape de Sosúa, de nouvelles définitions de la masculinité sont apparues lorsque les femmes ont commencé à bénéficier d’un pouvoir financier. Les travailleuses du sexe doivent rester discrètes et ne pas afficher leur argent ni faire état de la manière dont elles occupent leur temps pour ne pas compromettre leur réputation de mères sacrificielles. Á l’inverse, les hommes se libèrent facilement des idéologies de genre qui exigent d’eux qu’ils se conforment à l’image d’un travailleur acharné et d’un père attentif. Dans cette économie sexuelle, les hommes peuvent même afficher ouvertement leur qualité de chômeur. Leur paresse et leur dépendance sont alors considérées comme des comportements machos. L’industrie du sexe est un espace où les femmes pauvres dominicaines ont l’opportunité de gagner beaucoup d’argent et de s’extraire de leur condition, même si ces stratégies professionnelles ne permettent pas une reconfiguration des rôles et des idéologies de genre qui s’exercent contre elles. Les hommes qui migrent et vivent avec elles à Sosúa jouissent quant à eux d’un niveau d’exigence moindre, alors que les femmes doivent correspondre à des attentes encore plus élevées.This article focuses on gossip about Dominican women sexual labor as an entry point into documenting shifting gender relations and ideologies in Sosúa, a sex tourist destination frequented primarily by German tourists. In Sosúa sexscape, new meanings of masculinity have emerged alongside women earning capacity. While sex workers must temper their displays of monetary gains so as to not compromise their reputations as mothers sacrificing for their children, men openly enjoy freedom from gender ideologies that make demands on them to appear as hard working and sacrificing fathers. In this sexual economy, men even can flaunt their unemployment. Their laziness and/or dependency are recast as macho. Here is one industry where poor Dominican women have the opportunity to make significant earnings and to jump out of poverty, yet their labor strategies do not necessarily ensure a reconfiguration of gender roles and ideologies that works in their favor. Rather, migrant men in Sosúa enjoy such a reworking that lowers expectations for them, while women are caught in a set of increased expectations