Les » pièces à succès » hongroises : identité nationale, vocation internationale et formatage hollywoodien

Si l’industrie hollywoodienne manifeste, dès l’origine du mouvement hongrois des « pièces à succès », un intérêt pour cette nouvelle forme de théâtre populaire et commercial, c’est dans les années 1930,avec l’arrivée du parlant, que le mouvement d’exportation de ces œuvres de Budapest à Hollywood, en passant par Vienne, Berlin et Broadway, se systématise et se massifie. Le succès de plusieurs adaptations, ainsi que la renommée grandissante de dramaturges tels que Ferenc Molnár et Menyhért Lengyel, conduisent progressivement les studios à ne pas se contenter d’acheter les pièces déjà achevées, mais à s’efforcer de contrôler et d’orienter leur production. Alors qu’un réseau extrêmement structuré de préachat, d’édition et de diffusion se met en place autour de pivots berlinois et new-yorkais, l’industrie cinématographique intervient à tous les niveaux. Par le biais des éditeurs et agents, auxquels les studios donnent des instructions quant à leurs attentes, mais surtout par l’acquisition du principal théâtre budapestois, les instances hollywoodiennes font de Budapest pendant ces années le pourvoyeur de leurs besoins en comédies légères pré-formatées.The Hollywood industry showed an interest in Hungary’s « successful plays » movement from its very inception. Yet, it was in the 1930s, with the arrival of the talkie, that the exportation of this new form of popular and commercial theater, from Budapest to Hollywood, via Vienna, Berlin and Broadway, became broad and systematic. The success of several adaptations, as well as the growing renown of playwrights such as Ferenc Molnár and Menyhért Lengyel, progressively led the studios to move beyond the use of existing plays, and to monitor and orient its production. With an extremely structured network of advanced sales, editing and distribution centered in Berlin and New York, the film industry intervened on all levels. By using editors and agents to transmit studio expectations and, above all, by acquiring the Hungarian capital’s principal theater, Hollywood made Budapest the supplier of its needs in light pre-formatted comedies during these years