Moïse égyptien

En affirmant que Moïse était un Égyptien, Freud coupe à la racine les tentations de rechute dans les représentations « biologiques », « héréditaires » et « ethniques » de l’identité juive. Celle-ci devient une affaire de mémoire familiale, d’identification, de décision personnelle, de méthode scientifique et d’éthique. L’homme Moïse et la religion monothéiste est un exemple de l’assimilation de certains intellectuels allemands et viennois, non à la culture chrétienne, mais à la modernité scientifique, et de l’ « invention d’une tradition ». Freud élargit considérablement sa théorie de l’antisémitisme. L’archéologie freudienne n’est pas sans ressemblance avec la généalogie nietzschéenne. Moïse l’Égyptien présente une figure de l’égyptophilie, de la médiation entre deux civilisations sous les auspices du philhellénisme de Freud. Schiller, Voltaire, Goethe sont les inspirateurs de cette vision qui doit plus à la tradition européenne des Lumières qu’à l’égyptologie contemporaine.Indem Freud behauptet, dass Moses ein Ägypter war, ver-hindert er von Anfang an jegliche Versuchung, in « biologische », « vererbte » und « ethnische » Darstellungen der jüdischen Identität zurückzufallen. Diese wird zu einer Angelegenheit des Familiengedàchtnisses, der Identifikation, der persönlichen Entschei-dung, der wissenschaftlichen Methode und der Ethik. Der Mann Moses und die monotheis-tische Religion ist ein Beispiel fur die Assimilation mancher deutscher und Wiener jüdischer Intellektueller — nicht etwa mit der christlichen Kultur sondern mit der wissenschaftlichen Modernität — und fur die « Erfindung einer Tradition ». Freud weitet seine Theorie des Antisemitismus beträchtlich aus. Die Archäologie Freuds erinnert an die Généalogie Nietzsches. Moses, der Ägypter, steht fur die Agyptophilie, die Mediation zwischen zwei Kulturen unter der Schirmherrschaft des Philhellenismus Freuds. Schiller, Voltaire und Goethe haben ihn zu dieser Vision inspiriert, die mehr der europäischen Tradition der Aufklärung verdankt als der zeitgenössischen Ägyptologie.In stating that Moses was Egyptian, Freud cut off all temptations to fall back on « biological », « hereditary », or « ethnic » representations of Jewish iden-tity. Jewish identity becomes a problem of family memory, identification, personal decision, scientific method and ethics. Moses and Monotheism is an example of the assimilation of certain German and Viennese Jewish intellectuals, not into Christian culture, but into scientific modernity and the modernity of the « invention of a tradition ». Freud broadened considerably his theory of antisemitism. The Freudian archeology is not unlike the Nietzschean genealogy. Moses the Egyptian presents a figure of Egypto-philia, of the mediation between two civilizations under the auspices of Freud’s philhel-lenism. Schiller, Voltaire and Goethe provide the inspiration for this vision, which owes much more to the European enlightenment tradition than it does to contemporary Egyptology