L’anthropologie dans l’œuvre américaine d’Alexandre de Humboldt

Dans la présente contribution, nous nous intéressons aux observations anthropologiques qu’Alexandre de Humboldt (1769-1859) a faites au cours de son voyage en Amérique du Sud, au Mexique et à Cuba (1799-1804). Après avoir souligné les limites du regard anthropologique d’Alexandre, l’analyse porte sur deux points centraux du discours du voyageur. D’abord, Humboldt s’inscrit en faux contre l’idée d’une faiblesse physique, intellectuelle ou orale des Amérindiens ; il n’hésite pas à comparer les Caribes à des statues d’Hercule en bronze. Dans un second temps, nous étudions la perception de l’« homme sauvage » par Humboldt : l’explorateur cherche à rendre compte de la diversité des Amérindiens et se refuse à tenir un discours général qui serait valable pour tous « les Indiens », tandis que, par un mouvement inverse, par sa méthode comparative, il réintroduit simultanément les perspectives larges en inscrivant résolument les indigènes de l’Amérique espagnole dans le tableau général de l’humanité.In dem vorliegenden Beitrag geht es um die anthropologischen Beobachtungen Alexander von Humboldts auf semer Reise durch Spanisch-Amerika in den Jahren 1799 bis 1804. Nachdem die Grenzen des anthropologischen Blicks Alexander von Humboldts hervorgehoben worden sind, werden zwei zentrale Punkte des Humboldtschen Diskurses eingehender beleuchtet. Es ist dies zum ersten die dezidierte Opposition Humboldts gegen das Bild von der schwachen physischen, intellektuellen und moralischen Konstitution der Indianer ; dies erklart z. B., weshalb er Angehörige des Karibenstammes mit antiken Herkules-Statuen vergleicht. Zum zweiten analysieren wir Humboldts Begriif des « Wilden » : es fällt auf daß der Reisende auf die Vielfait der Indianer hinweist, um den Autoren entgegenzutreten, die nur von dem Indianer sprechen. Andererseits werden die solcherart individualisierten Indianer nun doch in einen allgemeingültigen Diskurs integriert, etwa wenn Humboldt durch seine vielen komparatistischen Ausblicke die Indianer als paradigmatische Repräsentanten der Menschheit behandelt.The subject of this article is the anthropological observations made by Alexandre de Humboldt (1769-1859) during his trip to South Amnerica, Mexico and Cuba (1799-1804). After having discussed the limits of Humboldt’s anthropological approach, I shall analyze two main points regarding his account of his travels. First, Humboldt protests vigorously against the notion of physical, intellectual or moral weakness of the Amerindians ;he goes so far as to compare the Caribs to bronze statues of Hercules. In the second part, I shall study Humboldt’s perception of the « savage ». The explorer seeks to account for the diversity of Amerindians and refuses to produce an overarching view which could apply to all of « the Indians », and yet, driven by the opposite impulse, using his comparative method, he simultaneously reintroduces broad notions by resolutely placing the indigenous people of Spanish America in the general tableau of humanity