Cet article explore deux dimensions de l’émotion musicale chez les Tsiganes de Ceuaş, un petit village de Transylvanie centrale. La première concerne le service professionnel (noces, banquets, baptêmes), où il faut toujours que la musique « fonctionne» pour satisfaire les clients jusqu’à satiété. À la fin des fêtes, il n’est pas rare de voir des convives pleurer. C’est un effet de « résonance» entre musique et états d’âme que les musiciens cherchent à provoquer. La deuxième dimension touche au ressenti et à l’expression du musicien lui-même. Un fois rentrés du service professionnel, les musiciens font une fête chez eux, une « post-performance» où ils cultivent une forme de déchirement intérieur. Jouer pour les autres et jouer entre soi sont...