La difficile gestion de l’eau en contexte transfrontalier : un exemple franco-espagnol

En se focalisant sur les politiques de gestion de l’eau, cet article aborde la question des usages sociaux de la frontière, de leur complexité et de leur ambiguïté ainsi que l’incidence de ces derniers sur la gouvernance du territoire transfrontalier. L’exemple de la plaine cerdane, à la frontière entre la France et l’Espagne, permet de distinguer plusieurs types d’usage de la frontière: un usage social pour légitimer le maintien de pratiques et un usage politique et institutionnel jouant sur les niveaux d’action publique. Malgré le volontarisme de certains acteurs, la gestion de l’eau peine à trouver une assise et un fonctionnement transfrontaliers. En effet, dès qu’elle menace de modifier les équilibres politiques économiques et sociaux existants, la gestion transfrontalière de l’eau est ainsi rapidement ramenée au Traité des Pyrénées et à l’hétérogénéité des situations nationales. Sur cette frontière, le cas retenu montre donc bien que les acteurs locaux ont un usage « à la carte » de leur situation frontalière en fonction des enjeux auxquels ils sont confrontés.By focusing on water management policies, this article addresses the social usage of borders, their complexity and ambiguity and how they impact the governance of cross-border territory. The case of the Cerdinyan plain on the French-Spanish border, allows distinguishing several types of border uses: a social usage to legitimate ongoing practices and a political and institutional use that capitalizes on levels of public action. In spite of the goodwill of certain actors, water management still has not found a solid cross-border base. As a matter of fact, water management is quickly assimilated to the Pyrenees Treaty and to the heterogeneity of national situations whenever it threatens to modify extant political, economic, and social balances. Along this border, the example chosen thus shows that local actors benefit from a discretionary use of their border situation according to shifting implications