Le mouvement des âarch en Algérie : pour une alternative démocratique autonome ?

Le début des années 2000 est marqué, pour l’Algérie, par une contestation populaire ambitieuse et originale : les âarch. Née en Kabylie et prétendant à une représentation nationale, elle a pour objectif de dénoncer publiquement les maux qui malmènent la société algérienne en interpellant directement les représentants de l’État. En court-circuitant les relais politiques traditionnels et en adoptant des pratiques de représentation politique puisées dans l’organisation sociale passée du monde berbère, le mouvement des âarch propose une mobilisation et une dynamique de la contestation uniques dans l’histoire du Maghreb contemporain. Mais son ancrage régional et le discours identitaire cristallisé sur la langue berbère ainsi que la stratégie de « pourrissement » adoptée par l’État algérien enferme rapidement le mouvement dans une interprétation ethnicisée de la contestation sociale.The beginning of the XXIst century in Algeria is marked by an original and ambitious protest: the Âarch. Born in Kabylia and striving for national representation, the movement aims at publicly denouncing the evils that plague Algerian society, directly implicating state representatives. By-passing political channels and adopting the traditional forms of representation inherent in Berber social traditions, the Aarch movement proposes a mobilisation and protest dynamic unique in the history of the Maghreb. The movement’s geographic base and politics of identity, focused as they are on the Berber language and the strategy of "decay" used by the Algerian State, quickly limit the movement to a rhetoric of ethnicity and social protest